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américaines. Ceux que contenait la force, il les a charmés, et il les amène, sincèrement soumis, aux pieds du vainqueur.

Si le succès est complet, le voyage est difficile. Il faut plus d’un mois pour atteindre le quartier général. « Nous eûmes beaucoup de dangers à courir par suite de l’abondance des neiges et de la crue des rivières. Pendant dix jours, nous dûmes nous frayer une route à travers d’épaisses forêts, où se croisaient des milliers d’arbres, abattus par la tempête, et recouverts de six et huit pieds de neige. Chaque jour, ma monture et moi culbutâmes plusieurs fois ; mais, à part quelques contusions, un chapeau troué, un pantalon déchiré, et une soutane en lambeaux, je sortis sain et sauf du terrible passage »[1]

Enfin, les chefs indiens se trouvent en présence du général Harney et du surintendant des Affaires Indiennes. Ils renouvellent l’assurance de leur soumission et implorent l’amitié des Américains. Ils regrettent l’aveuglement qui leur a fait prendre les armes ; ils s’engagent à ne plus molester les Blancs qui traverseront leur territoire ; ils sont même disposés à abandonner leurs terres, si le gouvernement consent à leur donner des « réserves », et s’engage à les y protéger.

Ravi de ces dispositions, le général fait aux Indiens bon accueil ; il leur offre des présents, et leur promet la protection des États-Unis. Il s’empresse de signaler au gouvernement les importants services rendus à l’armée par le P. De Smet. « Je suis convaincu, ajoute-t-il, que, si l’on agit avec prudence, il n’y a pas à craindre, d’ici à longtemps, de guerre sérieuse dans ce pays ».[2]

  1. Lettre au R. P. Général. — 1er nov. 1859.
  2. Cité par Chittenden et Richardson, p. 1576.