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700 lieues au nord-ouest de Saint-Louis. Ils se proposaient de visiter les Indiens campés le long du fleuve, puis de traverser la vallée du Yellowstone jusqu’au fort Laramie, sur le cours supérieur de la Nebraska.

Le bateau était commandé par le capitaine La Barge, intime ami du P. De Smet. Plusieurs passagers, membres de la Compagnie des Fourrures, se rendaient à divers postes de commerce du territoire indien. « Ils étaient, dit notre missionnaire, en quête des biens de la terre ; le P. Hoecken et moi, nous allions à la recherche des biens du ciel, à la conversion des âmes ».[1]

Le printemps avait été mauvais. La fonte des neiges, succédant à des pluies continuelles, avait gonflé les rivières. Le Missouri couvrait de ses eaux bourbeuses une largeur de plusieurs milles. On avançait au milieu des épaves : maisons, granges, écuries, clôtures de champs et de jardins, emportées pêle-mêle avec des milliers d’arbres déracinés. Le bateau devait à la fois éviter le choc de ces masses flottantes, et lutter contre la violence du courant. Plusieurs fois, il fut entraîné à la dérive ; mais ces difficultés étaient légères en comparaison de celles qui allaient surgir.

Trois jours après le départ, le choléra se déclare à bord du Saint-Ange. Aux joyeuses chansons des passagers succède un morne silence. Treize personnes, coup sur coup, sont emportées par le fléau.

En proie à une fièvre bilieuse, le P. De Smet doit rester plusieurs jours cloué sur son lit. Ravi de pouvoir se dévouer, le P. Hoecken se tient jour et nuit auprès des

  1. Relation datée de Saint-Louis, 16 janvier 1852.