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à l’exemple de l’Apôtre, ses propres travaux, et les souffrances qu’il avait endurées dans l’Orégon :

« J’ai moi-même fait l’expérience des privations auxquelles on est exposé en pays indien. Laissez-moi vous en dire quelques-unes, avec l’espoir qu’elles vous seront épargnées. Je suis resté plusieurs années errant dans le désert. Pendant trois ans, je n’ai pas reçu une seule lettre. J’ai vécu deux ans dans les Montagnes, sans goûter ni pain, ni sel, ni café, ni thé, ni sucre. Quatre années entières, je n’ai eu ni toit, ni lit. J’ai passé six mois sans avoir de linge sur le corps, et souvent, j’ai dû rester, des jours et des nuits, sans un morceau à manger, sans une goutte d’eau pour étancher ma soif. Pardonnez-moi si je parle ainsi ; ce n’est ni pour vous faire des reproches, ni pour me glorifier. Simplement, je rappelle ce que j’ai enduré. Jamais d’ailleurs je ne l’ai regretté. Au contraire, j’en remercie Dieu, et serais heureux d’échanger ma situation présente contre celle d’autrefois ».[1]

Les missionnaires des Osages étaient hommes à entendre ce langage. Malgré d’incroyables fatigues et des obstacles sans nombre, le P. Schoenmakers soutiendra, près de quarante ans, ce rude apostolat. La petite vérole s’étant abattue sur la tribu, le P. Bax ira de village en village, de cabane en cabane, porter les secours de la religion, jusqu’à ce qu’il tombe, à trente-trois ans, victime de son héroïque charité.

Parfois les Pères de Sainte-Marie et de Saint-François de Hieronymo trouvaient le moyen de visiter les tribus voisines, les Peorias, les Miamis, les Senecas, les Creeks. Le P. Hoecken nous a laissé la relation d’un voyage

  1. Au P. Schoenmakers. — Saint-Louis, 5 juin 1849.