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à demi chrétienne.[1] Il fallait des écoles. Le P. De Smet songea immédiatement aux Dames du Sacré-Cœur.

— Croyez, dit-il à la Mère Galitzin, alors visitatrice des maisons d’Amérique, que vous ne réussirez jamais dans ce pays, si vous n’attirez la bénédiction de Dieu en fondant un établissement chez les sauvages.

— Eh ! mon Père, c’est aussi notre désir ; mais nous n’avons pour cela ni argent, ni sujets.

— Ma Mère, il le faut !

S’adressant alors à Madame Duchesne, le missionnaire lui représente les avantages d’une fondation à Sugar Creek. Il lui fait, en quelque sorte, une obligation de saisir la place, avant qu’elle soit occupée par les presbytériens ou les méthodistes.

Malgré ses soixante-dix ans, l’héroïque religieuse demande à aller elle-même chez les sauvages. « Qu’il est doux, écrit-elle à sa supérieure, de servir Dieu gratuitement et à ses frais ! Si on avait seulement quatre cents piastres pour commencer, on irait au printemps ».

Bientôt le P. De Smet portait à la Mère Galitzin cinq cents piastres qu’il venait lui-même de recueillir. Dès lors, la fondation était décidée.[2]

En 1848, les Potowatomies, de nouveau repoussés par les Américains, durent quitter Sugar Creek pour émigrer plus à l’ouest, dans une réserve de cinquante milles carrés, sur les bords du Kansas. Les Jésuites les y suivirent, ainsi que les Dames du Sacré-Cœur, et fondèrent à cet endroit la mission, bientôt florissante, de Sainte-Marie.

  1. Elle avait eu pour apôtres, avant M. Petit, M. Badin, d’Orléans, et M. Desseille, de Bruges.
  2. Cf. Baunard, Histoire de Mme Duchesne, p. 433 et suiv.