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La tribu des Ogallalas était entrée sur les terres des Corbeaux et leur avait livré bataille. Ceux-ci s’étaient défendus en braves, avaient tué dix ou douze de leurs agresseurs, et chassé les autres à coups de bâton.

Le grand chef des Ogallalas, appelé le Poisson-Rouge, avait perdu sa fille, emmenée en captivité par les Corbeaux. Triste et humilié, il quitte sa tribu, et se présente au fort Pierre, afin d’obtenir, par l’entremise des officiers, la liberté de son enfant ; il offre pour sa rançon quatre vingts belles robes de buffle, avec ses meilleurs chevaux ; puis il va trouver le P. De Smet.

— Robe-Noire, dit-il en sanglotant, je suis un père malheureux. J’ai perdu ma fille bien-aimée. Aie pitié de moi. J’ai appris que la prière des robes-noires est puissante auprès du Grand-Esprit. Parle en ma faveur au Maître de la vie, et je conserverai l’espoir de revoir mon enfant.

À ces paroles, que la consternation du vieillard rend émouvantes, le missionnaire promet de l’aider de sa prière, mais l’avertit que lui-même doit, par une conduite honnête, se rendre le ciel favorable. Il le fait renoncer à toute agression injuste contre ses voisins, et l’invite à écouter, avec toute sa tribu, les ordres du Grand-Esprit. Le lendemain, il offre le saint sacrifice. Le chef sauvage y assiste, implorant à haute voix l’aide du Tout-Puissant.

Rentré chez lui, le Poisson-Rouge rassemble ses guerriers et leur fait part de son entretien avec la robe-noire. Au même instant, des cris de joie retentissent à l’extrémité du camp. On accourt, on s’informe : la captive est de retour. Le vieux chef ne peut en croire ses oreilles. Il se lève, sort de sa loge, et voit son enfant se jeter dans ses bras.