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peuplées ajoutaient à l’animation et à la richesse du village.

La récolte de blé était de plusieurs milliers de boisseaux ; celle de pommes de terre, plus que suffisante pour la consommation de la tribu. Après les fêtes de Pâques, les caves et les greniers restaient si abondamment pourvus, que le missionnaire avait pu inviter nombre d’Indiens : Serpents, Banax, Nez-Percés, Pends-d’Oreilles, à un festin composé d’une variété de mets auxquels la plupart n’avaient jamais goûté.

Le P. Mengarini était, en outre, parvenu à extraire le sucre de la pomme de terre, et à fabriquer, avec un mélange d’orge et de racines du pays, une sorte de bière, aussi nourrissante qu’agréable.

Toutefois, l’on n’avait point encore de farine. Ce que l’on obtenait en écrasant le blé entre deux pierres, ou en le broyant dans un moulin à café, n’y ressemblait que de loin. À peine arrivé, le P. Ravalli avait entrepris de satisfaire à ce besoin. Aidé du Fr. Claessens et du Fr. Specht, il avait construit un moulin à eau, capable de fournir journellement à la colonie plusieurs sacs de farine.

En même temps, il établissait une scierie, pour préparer les planches et les poutres nécessaires aux constructions. La scie était faite d’un bandage de roue, aminci à coups de marteau. Quatre autres bandages, soudés ensemble, servaient de volant. Le tout était actionné par le même cours d’eau que le moulin.

L’état moral de la mission répondait à sa prospérité matérielle. Grâce à l’abolition de la polygamie, le chiffre de la population avait sensiblement augmenté. L’abandon des enfants, le divorce, l’effusion du sang, n’étaient