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ramasser. Au même instant, le P. De Smet le saisit, le renverse, le tient couché à terre ; puis, s’armant de sa cravache, lui administre une vigoureuse discipline.

Écumant de honte et de fureur, le vaincu cherche à se dégager, mais en vain. Alors il demande grâce, jurant au missionnaire d’avoir pour lui désormais le plus grand respect. Le P. De Smet lui promet la liberté, mais à la condition qu’il racontera lui-même à toute la tribu qu’il a été battu par la robe-noire. Bon gré mal gré, l’orgueilleux guerrier doit se soumettre. Il peut alors se relever, mais le Père retient sa hache, lui disant, s’il veut la recouvrer, de venir lui-même la chercher dans quelques jours à la mission.

La conversion n’était pas faite, mais elle était préparée.

Huit jours plus tard, le sauvage se présente à la résidence des missionnaires, et demande à parler au P. De Smet. Celui-ci le reçoit avec bonté, lui fait servir un petit régal, l’entretient de ses victoires et des chevelures enlevées à l’ennemi. Peu à peu, la figure de l’Indien s’épanouit. Le Père, alors, fait tomber le discours sur la religion, démontre à son hôte l’absurdité des pratiques superstitieuses et lui expose les premières vérités de la foi. La grâce aidant, le sauvage s’avoue une seconde fois vaincu, et demande à être admis parmi les néophytes.

Pendant quelques semaines, le nouveau catéchumène suit fidèlement les instructions du missionnaire. Enfin il reçoit le baptême, et devient l’un des meilleurs chrétiens de la tribu.[1]

  1. Le fait est raconté dans les Précis historiques de Bruxelles, 1873, p. 446, par un Père qui le tenait de la bouche même du P. De Smet.