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Pour l’apostolat de ces tribus, le P. De Smet était l’homme providentiel.

Voyageur intrépide, à qui ne déplaisent pas les aventures, il peut, grâce à une robuste santé, rester en route des mois entiers, se faire à tous les régimes, dormir à la belle étoile, partager la rude existence de l’Indien des Montagnes.

Plus encore que sa vigueur physique, ses qualités morales lui assurent le succès. Quoique, d’ordinaire, il ne parle que par interprète, il a vite acquis un ascendant qui tient de la fascination. La dignité et la douceur de ses manières, sa calme assurance, la loyauté de son caractère, sa tendre et compatissante bonté, lui méritent les noms significatifs que lui donnent encore aujourd’hui les tribus de l’Ouest : c’est « la Grande Robe-Noire », « le Blanc qui n’a pas la langue fourchue », « le Meilleur Ami des Indiens ».

Sa bonté, pourtant, n’exclut pas l’énergie, et c’est ainsi qu’il maîtrise les natures les plus revêches.

Il séjournait depuis quelque temps dans une mission des Montagnes. Un Indien altier et farouche, redouté à cause de sa force prodigieuse, avait juré de tuer le missionnaire et d’anéantir la religion qu’il prêchait.

Un jour, devant visiter un poste voisin, le P. De Smet monte à cheval et se met en route, n’ayant pour bagage que son bréviaire et sa cravache. Tout à coup, il voit fondre sur lui le terrible sauvage, brandissant sa hache et poussant le cri de guerre. Fuir serait facile, mais quel triomphe pour le fanatique ! Prompt comme l’éclair, le Père saute de cheval, et, avant d’être atteint par son adversaire, lui applique sur le poignet un coup qui fait tomber la hache de sa main. L’Indien se baisse pour la