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La foi, le P. De Smet fit comprendre aux Indiens les avantages de la culture ; il promit de leur fournir les semences et les outils nécessaires ; puis, bénissant Dieu, dont la grâce avait si puissamment agi sur ces âmes, il se dirigea vers le pays des Kootenais.

C’est, dit notre voyageur, « le nec plus ultra du désert ». « La forêt est si épaisse qu’on perd de vue son guide à la distance de quelques pas. Le plus sûr moyen de ne pas s’égarer, c’est de s’abandonner à la sagacité de son cheval. Toujours celui-ci suit fidèlement les bêtes qui ouvrent la marche. Sans cet expédient, je me serais cent fois perdu.

» J’avoue que ces sombres lieux font naître dans l’esprit de sinistres pensées, comme si l’on était condamné à ne jamais sortir des labyrinthes qui servent de repaires aux ours et aux panthères.

» Le sentier serpente dans le voisinage d’une rivière. À un certain endroit, celle-ci traverse une gorge de montagnes, ou plutôt de rochers escarpés d’une hauteur effrayante. C’est à travers pareils obstacles qu’il faut voyager l’espace de huit milles environ. Ce ne sont que montées et descentes à pic, précipices affreux, glacis longs et étroits. À chaque pas, la vue du danger glace le sang dans les veines, et couvre les membres d’une sueur froide. Après chaque passage, je remerciais Dieu, comme si je venais d’échapper à la mort et à ses angoisses »[1].

Au printemps de 1842, le P. De Smet avait rencontré quelques familles de Kootenais sur les bords de la Clarke. Aussi fut-il reçu dans le camp au bruit d’une longue

  1. Lettre à Mgr Hughes. — Rivière des Arcs-à-Plats, 3 sept. 1845.