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blaient n’attendre que cette grâce pour s’endormir en paix dans le sein de Dieu.

» Le plus âgé, aveugle et presque centenaire, me dit :

— Ma vie a été longue sur la terre. Depuis longtemps, mes pleurs ne cessent de couler, car j’ai vu mourir tous mes enfants et mes anciens amis. L’isolement s’est fait autour de moi ; je vis dans ma tribu comme parmi des étrangers ; les souvenirs seuls m’occupent, et ils sont tristes et amers. Cependant, une chose me console : j’ai toujours évité la compagnie des méchants ; mes mains sont restées pures de leurs vols, de leurs querelles et de leurs meurtres. Aujourd’hui que le Grand-Esprit m’a pris en pitié, je suis content ; je lui donne mon cœur et lui offre ma vie »[1].

Le P. De Smet érigea, à l’endroit même, une nouvelle mission, qui reçut le nom de Saint-Paul. Une autre, celle de Saint-Pierre, fut établie un peu plus au nord, pour les Indiens qui habitaient la région des Lacs.

Le 4 août, notre missionnaire quitte les chutes du Columbia. Il est accompagné de plusieurs métis. Ceux-ci le prient d’examiner l’emplacement qu’ils ont choisi pour fonder un village chrétien, entre la mission Saint-Ignace et celle du Sacré-Cœur. Nombre de chasseurs ont décidé de s’y fixer avec leurs familles. Jugeant l’endroit favorable, le Père trace le plan de la nouvelle réduction, et lui donne le nom de Saint-François Régis.

Restent les Arcs-à-Plats et les Kootenais, chez qui nul prêtre n’a encore pénétré. Le P. De Smet va les visiter, pour préparer la voie aux missionnaires.

À travers d’épaisses forêts, d’affreux bourbiers, des

  1. Lettre au P. Joset. — 9 sept. 1845.