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» Ravis de joie, les sauvages déclarèrent que ce jour était le plus beau de leur vie. Ils me prièrent « de les prendre en pitié », et de rester parmi eux pour leur apprendre, ainsi qu’à leurs petits enfants, à connaître et à servir le Grand-Esprit. Je leur promis qu’une robe-noire viendrait les visiter, mais à la condition que les chefs s’engageraient à faire cesser les vols, si fréquents parmi eux, et s’opposeraient avec rigueur à l’abominable corruption des mœurs qui régnait dans la peuplade… » Une de leurs bonnes qualités, qui me donne beaucoup d’espoir, c’est que, jusqu’à présent, ils ont résisté aux instances des marchands américains pour introduire dans la tribu les liqueurs enivrantes.

— À quoi bon votre eau-de-feu ? disait le chef. Elle ne fait que du mal. Elle brûle la gorge et l’estomac. Elle rend l’homme semblable à un ours : il mord, il grogne, il hurle, et finit par tomber comme un cadavre. Portez cette liqueur à nos ennemis, et ils s’entre-tueront, et leurs femmes et leurs enfants feront pitié. Quant à nous, nous n’en voulons pas ; nous sommes assez fous sans elle.

» Avant mon départ eut lieu une scène touchante. Le grand chef m’ayant demandé à voir ma croix de missionnaire, j’en pris occasion d’expliquer les souffrances de Notre-Seigneur et la cause de sa mort. Ensuite je remis ma croix entre les mains du chef. Celui-ci la baisa

    qui traversent les mers, et transportent en quelques jours des villages entiers d’un pays dans un autre ; quand j’ajoutai que j’avais vu des Blancs s’élever dans les airs et planer au milieu des nues comme l’aigle des montagnes — alors l’étonnement fut à son comble ; tous mirent la main sur la bouche, en jetant un cri d’admiration. « Le Maître de la vie est grand, disait le chef, et les Blancs sont ses favoris ».