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Le 8 décembre, fête de l’Immaculée-Conception, il rentrait à Sainte-Marie, au milieu des salves et des acclamations de ses chers Têtes-Plates. Son voyage avait duré quarante-deux jours. Il avait baptisé 190 personnes et annoncé l’Évangile à plus de 2 000 Indiens.

Le P. De Smet rapportait du fort Colville quelques boisseaux d’avoine, de blé et de pommes de terre. On allait faire à la colonie un premier essai de culture. Déjà le Fr. Claessens avait labouré un terrain attenant à la mission et entouré d’une palissade. La saison venue, il commença les semailles.

C’était pour les Indiens un spectacle nouveau. Ils regardaient comme une folie de détruire, en retournant le sol, l’herbe qui nourrissait leurs chevaux, et d’enfouir le grain qui était bon à manger. Vainement le Fr. Claessens leur assurait-il que les semences, une fois pourries

    sionnaire que, sous toutes les latitudes, se rencontrent des filles d’Eve.
    « Nous avions laissé chez les Pends-d’Oreilles cinq ballots de viande sèche. N’en trouvant plus que deux, je demandai au chef ce que les autres étaient devenus.
    — J’ai honte, Robe-Noire, me répondit-il ; j’ai peur de vous parler. J’étais absent lorsque vous avez mis vos ballots dans ma loge. Ma femme les ouvrit pour voir si la viande n’était pas moisie. La graisse lui parut si belle et si bonne qu’elle en goûta. Quand je rentrai, elle m’en offrit, ainsi qu’à mes enfants. Bientôt, le bruit s’est répandu dans le village ; les voisins sont venus, et nous en avons mangé tous ensemble.
    » Si le brave homme avait voulu renouveler l’histoire de nos premiers parents, il n’aurait pu mieux jouer son rôle. Cette aventure me fournit l’occasion d’instruire les sauvages du péché originel et de ses tristes suites. Le chef prit ensuite la parole, et, après avoir sévèrement grondé sa femme, protesta au nom de tous que pareille chose n’arriverait plus ». (Lettre citée).