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bonheur de l’autre vie. Leurs réponses m’attendrirent jusqu’aux larmes. On entendait ces vieillards, formant un concert émouvant, s’écrier des différents points de la loge :

— Ô Dieu, quel bonheur nous vient dans nos vieux jours ! Nous vous aimerons, ô notre Dieu ! oui, nous vous aimerons jusqu’à la mort.

» Dès qu’ils eurent compris la nécessité du baptême, tous se jetèrent à genoux pour le recevoir ».

Alors le P. De Smet trouve, pour exciter dans l’âme de ses confrères la flamme de l’apostolat, des accents qui rappellent ceux de François Xavier :

« Ah ! bons et chers Pères d’Europe, je vous en conjure au nom de Jésus-Christ, n’hésitez pas à venir dans cette vigne : la moisson y est mûre et abondante… Chez ces pauvres peuples, l’empressement à entendre la divine parole tient du prodige. De tous côtés, ils accourent sur mon passage, et cela d’une grande distance, m’offrant leurs petits enfants à baptiser. Plusieurs m’ont suivi des journées entières, dans le seul but d’assister aux instructions. Partout les vieillards demandent avec instance le baptême. Le cœur se serre à la vue de tant d’âmes exposées à périr faute de secours. C’est bien ici que l’on peut dire : Messis quidem multa, operarii autem pauci.[1] Quel est le religieux de la Compagnie dont le cœur ne s’enflammerait à ces nouvelles ? Quel est le chrétien qui refuserait son obole à une œuvre comme celle de la Propagation de la foi » ?

Certes, la vie du missionnaire a ses épreuves et ses dangers ; mais, parmi ces accidents, son âme, fixée en Dieu, ne perd rien de sa sérénité :

  1. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ». (Math. IX, 37).