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» Le lendemain, je chantai une messe solennelle, en action de grâces pour les faveurs dont Dieu avait daigné combler son peuple. Six à sept cents nouveaux convertis, y compris les enfants baptisés l’année précédente, réunis dans une pauvre église couverte de jonc, au milieu d’un désert, où naguère le nom de Dieu était à peine connu, offrant à leur Créateur leurs cœurs régénérés, protestant de lui rester fidèles jusqu’à la mort, c’était là sans doute un spectacle agréable au ciel, et qui, nous l’espérons, attirera la bénédiction d’en haut sur les Têtes-Plates et les nations voisines ».[1]

Déjà Marie Immaculée avait daigné montrer, par une faveur éclatante, combien lui étaient agréables l’innocence de ses nouveaux enfants et l’expression naïve de leur piété.

La veille de Noël, quelques heures avant la messe de minuit, elle apparaissait, dans la loge d’une humble femme, à un petit orphelin nommé Paul.

« La jeunesse de cet enfant, écrit le P. De Smet, sa piété, sa candeur, la nature même du fait qu’il rapporte, ne permettent pas de suspecter la sincérité de son récit. Voici ce qu’il m’a raconté de sa propre bouche :

— En entrant dans la loge de Jean, où j’étais allé pour qu’il m’aidât à apprendre les prières que je ne savais pas encore, j’ai vu une personne admirablement belle. Ses pieds ne touchaient pas la terre ; ses vêtements étaient blancs comme la neige ; elle avait une étoile au-dessus de sa tête, et sous ses pieds, un serpent tenant un fruit que je ne connais pas.[2] De son cœur sortaient

  1. Au P. Verhaegen. — 30 déc. 1841.
  2. Serait-il téméraire de voir dans cette apparition une déclaration anticipée du dogme de l’Immaculée-Conception ?