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Le 11 novembre, fête de saint Martin, on y put réunir les catéchumènes, et commencer les instructions préparatoires au baptême.

Le 3 décembre, fête de saint François Xavier, on devait conférer ce sacrement à de nombreux néophytes. Tout semblait conjuré pour compromettre le succès de la cérémonie : l’interprète et le sacristain malades, l’harmonium involontairement brisé par les sauvages, un ouragan déchaîné sur la vallée, les arbres déracinés, trois loges emportées par le vent, les fenêtres de l’église défoncées.

Le 2 décembre, au soir, le calme succéda à la tourmente. Réunis dans le sanctuaire, les Têtes-Plates ne pouvaient assez en admirer la décoration. « Des nattes et des festons de verdure couvrant les murailles, de jolies draperies autour de l’autel, le saint nom de Jésus se détachant sur un beau ciel, l’image de la Vierge au fond du chœur, la porte du tabernacle représentant le Sacré Cœur de Jésus, les stations du chemin de la croix, la lumière des flambeaux, le silence de la nuit, l’approche du grand jour — tout cela, avec la grâce de Dieu, disposa si bien les cœurs et les esprits, qu’il n’eût pas été possible de trouver sur la terre une réunion d’hommes plus semblable à la compagnie des élus ».[1]

Quelle joie pour les missionnaires de pouvoir, le lendemain, offrir à saint François Xavier le spectacle de deux cents adultes, à peine sortis de la barbarie, répondant avec intelligence aux questions du catéchisme, priant avec ferveur pendant qu’on les baptisait, puis se retirant à leur place un cierge à la main !

Comme il fallait souvent user de l’interprète, les Pères

  1. Lettre au P. Verhaegen. — 30 décembre 1841.