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courir, sans manger ni boire, pendant quatre jours, pour être des premiers à saluer les missionnaires.

Il distingua également Simon, le plus âgé de la peuplade, si épuisé de vieillesse que, même assis, il avait besoin d’un bâton pour se soutenir. Apprenant l’arrivée des robes-noires, il avait senti revivre l’ardeur de sa jeunesse.

— Mes enfants, avait-il dit en montant à cheval, je suis des vôtres. Si je meurs en route, nos Pères sauront du moins pourquoi je suis mort. Souvent, dans le cours du voyage, il répétait :

— Courage, mes enfants ! souvenez-vous que nous allons au-devant de nos Pères.

Et, le fouet excitant les montures, on faisait à sa suite jusqu’à cinquante milles par jour.

Ce fut pour le P. De Smet une vive joie d’apprendre que, depuis un an, la ferveur des Têtes-Plates ne s’était pas refroidie. La plupart, même les vieillards et les petits enfants, savaient par cœur les prières qu’il leur avait apprises. Deux fois les jours ordinaires, et trois fois le dimanche, la peuplade réunie récitait ces prières en commun. La caisse d’ornements, laissée à sa garde l’année précédente, était portée comme une arche de salut, chaque fois que le camp se déplaçait.

Parmi ceux qui avaient reçu le baptême, plus d’un était mort en prédestiné. Telle cette enfant de douze ans, qui s’écriait au moment d’expirer :

— Oh ! que c’est beau ! que c’est beau ! Je vois les cieux ouverts, et la Mère de Jésus-Christ m’invite à aller près d’elle.

Puis, s’adressant à ceux qui l’entouraient :

— Écoutez les robes-noires, parce qu’elles disent la vérité. Elles viendront et, ici-même, élèveront la maison de la prière.