Page:Pere De Smet.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se fondre aussi rapidement qu’elle s’était formée. Bientôt le soleil se montra, le calme se rétablit, et nous continuâmes notre route ».[1]

On touche aux sources de la merveilleuse rivière. Les teintes de la végétation deviennent plus sombres, la forme des collines plus sévère, le front des montagnes plus sourcilleux. Derrière ces sommets vivent les tribus qui bientôt recevront l’Évangile. Le missionnaire, alors, devient poète ; son enthousiasme se traduit par un cantique.


Non, ce n’est pas une ombre vaine ;
Dans l’azur d’un brillant lointain.
Mes yeux ont vu, j’en suis certain.
Des Monts-Rocheux la haute chaîne.

J’ai vu la neige éblouissante
Blanchir leur front majestueux,
Et d’un beau jour les premiers feux
En dorer la masse imposante…

Salut, roche majestueuse.
Futur asile du bonheur !
De ses trésors le divin Cœur
T’ouvre aujourd’hui la source heureuse…

Grand Dieu, qu’ils sont donc admirables
Les chemins par où ton amour
Appelle au céleste séjour
Des cœurs naguère si coupables !


La caravane se repose deux jours sur les bords de la Rivière-Verte, puis reprend sa marche dans la direction du fort Hall, sur la Snake, au nord du Lac Salé.

« Avec un train comme le nôtre, ce n’était pas petite affaire… Nous mîmes notre confiance en Dieu ; les charretiers fouettèrent leurs mulets, les mulets firent leur

  1. Lettre au P. Verhaegen. — Rivière de l’Eau-sucrée, 14 juillet 1841.