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Tandis que les Têtes-Plates regagnent leur pays, sur les bords de la Clarke, le P. De Smet, escorté de vingt sauvages et de son dévoué compatriote, se dirige vers le Yellowstone. Il se propose de suivre cette rivière jusqu’à sa jonction avec le Missouri, et de revenir à Saint-Louis en visitant les forts établis le long du fleuve. Sans doute il y trouvera bon nombre d’enfants métis, qu’il pourra baptiser.

Ce sont, plusieurs jours durant, des plaines à perte de vue, des terres arides, coupées de profondes ravines, où, à chaque pas, l’ennemi peut être aux aguets. Des vedettes, envoyées dans toutes les directions, reconnaissent le pays. Le soir, on choisit pour camper un des emplacements les moins dangereux. Un petit fort, construit à la hâte avec des troncs d’arbres, met à l’abri d’une attaque nocturne.

Bientôt, la caravane rencontre un camp de Corbeaux. Ceux-ci étant, pour le moment, alliés des Têtes-Plates, l’accueil est plein de cordialité.

La tribu se trouvait dans l’abondance. Par suite, le temps se passait en réjouissances et en festins. Le missionnaire avoue que, dans une seule après-midi, il a dû assister à vingt banquets successifs. « À peine étais-je assis dans une loge, qu’on venait m’inviter dans une autre. Mon estomac n’étant pas aussi complaisant que celui des Indiens, je me contentais de goûter de leurs ragoûts, et, pour un morceau de tabac, des mangeurs, dont j’avais pris la précaution de me faire accompagner, vidaient le plat pour moi »[1].

  1. Relation citée.
    « La loi du festin ordonnait à chacun de manger tout ce qui