Page:Pere De Smet.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

protection, et lui demandâmes de nous assister jusqu’au bout ».[1]

Restait à franchir la partie la plus rude et la plus périlleuse de la route. Pendant que ses chevaux se reposaient, le P. De Smet passa quelques jours à s’entretenir avec les sauvages réunis sur les bords de la Rivière-Verte. C’est alors qu’il vit pour la première fois les Serpents, réduits à fouiller la terre pour se nourrir de racines, et les Ampayoos, plus misérables encore. « Le pays qu’ils habitent est une véritable bruyère. Ils logent dans les crevasses des rochers ou dans des trous creusés en terre. Ils n’ont pas d’habits. Pour toute arme, un arc, des flèches et un bâton pointu. Ils parcourent les plaines incultes à la recherche des fourmis et des sauterelles dont ils se nourrissent, et croient faire un festin quand ils rencontrent quelques racines insipides ou quelques baies nauséabondes. Des personnes dignes de foi m’ont assuré qu’ils se repaissent des cadavres de leurs proches, et parfois même mangent leurs propres enfants ».[2]

Cette affreuse misère émeut à tel point le missionnaire, qu’il voudrait pouvoir s’arrêter chez ces peuples dégradés et leur consacrer sa vie. Il a du moins la consolation de baptiser plusieurs Indiens, et de leur faire entrevoir les joies de l’éternité.

Les Nez-Percés, les Spokanes, les Cœurs-d’Alène ont des mœurs plus humaines. Ils habitent un pays fertile. Leur richesse consiste surtout en chevaux ; certains sauvages en possèdent jusqu’à cinq et six cents. Tous manifestent un vif désir de voir chez eux des robes-noires.

  1. Relation citée.
  2. Ibid.