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CHAPITRE VI

LES TÊTES-PLATES.
PREMIER VOYAGE AUX MONTAGNES-ROCHEUSES


1840


Depuis qu’ils s’étaient séparés de l’Angleterre, les États-Unis avaient joui d’une prospérité croissante. Il avait suffi d’un demi-siècle pour que « cet enfant au maillot », comme l’appelait Joseph de Maistre, atteignît un développement égal à celui des plus importants pays d’Europe. Sa population qui, en 1780, ne montait pas à 3 millions d’habitants, dépassait, en 1840, le chiffre de 17 millions. Chaque année voyait surgir de nouvelles villes et naître de nouveaux États.

Sans cesse, le pionnier avançait vers l’ouest, s’ouvrant, par la hache et par le feu, une route à travers la forêt vierge ou les hautes herbes de la Prairie, se fixant là où il trouvait un terrain propre à la culture. Devant ses conquêtes incessantes, le désert reculait. La colonisation marchait à la vitesse de huit et dix lieues par an.