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Après d’heureux débuts, la mission semblait vouée à une ruine certaine. « Que pouvons-nous au milieu de 2 000 ivrognes ? Et où ce torrent s’arrêtera-t-il ? Je l’ignore ; car, avec l’argent qui doit venir ici tous les ans, reviendront aussi les mêmes vauriens et les mêmes scènes ».[1]

Si sombre que soit l’avenir, les missionnaires sont résolus à ne pas abandonner leur poste. Plus que jamais, ils s’efforcent de gagner, à force de bonté, ces farouches natures.

Ils ont du moins la consolation d’ouvrir le ciel à un grand nombre de petits enfants. « J’ai souvent remarqué, observe le P. De Smet, que beaucoup d’entre eux semblent n’attendre que le baptême pour aller prendre possession du bonheur éternel, car ils meurent presque aussitôt après avoir reçu ce sacrement ».[2]

Parmi les adultes, les conversions deviennent plus rares. Parfois même, quelques néophytes se laissent entraîner au vice qui désole la mission. La plupart néanmoins restent fidèles ; ils continuent à suivre les instructions, et même à s’approcher chaque mois des sacrements. De plus, les tribus voisines, spécialement celle des Omahas, ne cessent de réclamer des robes-noires.

Voyant quel bien il peut faire encore, notre missionnaire reprend courage. Après avoir écrit au P. De Vos : « Je n’oserais donner à personne le conseil de venir ici »,[3]

il se réjouit d’apprendre qu’au noviciat de nombreuses recrues aspirent à partager ses travaux : « Mon cœur a tellement bondi de joie, que, si je n’eusse fortement serré

  1. À M. Ch. Van Mossevelde. — 18 sept. 1839.
  2. Lettre au P. De Vos. — 18 déc. 1839.
  3. Ibid.