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germes de la foi, il se hâte de porter à Council Bluffs le résultat de sa négociation.

Cette fois, il n’a d’autre embarcation qu’un tronc d’arbre creusé en forme de canot. Sur ce frêle esquif, il lui faut descendre un des fleuves les plus dangereux du monde. Heureusement, il est accompagné de deux adroits pilotes, qui sauront éviter les écueils dont est semé le Missouri. La barque, lancée avec la rapidité d’une flèche, franchit en trois jours une énorme distance, et ramène le missionnaire sain et sauf au milieu de ses chers Potowatomies.

Sans armée et sans combat, il rentre vainqueur, les mains pleines des bénédictions de la paix, salué par tous comme le père et le sauveur de la nation.

Il était plus facile de dompter la férocité des sauvages que de vaincre leur passion pour les liqueurs enivrantes.

« Chaque année, écrivait le P. De Smet, les Potowatomies reçoivent du gouvernement 50 000 piastres, en échange des terres qu’on leur a enlevées. En même temps que cette somme, arrivent ici nombre de gens sans aveu, voleurs, buveurs, joueurs, faux monnayeurs, tous la lie des États-Unis. Pour mieux exploiter les Indiens, ils introduisent chez eux l’eau-de-vie en abondance ».[1]

« Les sauvages boivent et jouent tant qu’il leur reste un liard. L’amour qu’ils portent à la boisson est vraiment inconcevable. Il faut le voir pour s’en faire une idée. C’est chez eux une véritable tarentule. Dès qu’ils en sont piqués, tout leur sang s’allume dans leurs veines.

  1. Lettre du P. De Smet à M. Ch. Van Mossevelde. — 18 sept.  1839.