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« Souvent, dit-il, je visite les Indiens dans leurs loges, soit en qualité de missionnaire, s’ils sont disposés à m’écouter, soit en qualité de médecin, pour voir les malades. Lorsque je trouve un enfant en danger, et que les parents n’aiment pas à entendre parler de religion, j’étale mes fioles et recommande mes médecines. Je commence par frotter l’enfant avec un peu de camphre ; puis, prenant de l’eau, je le baptise sans que personne s’en doute, et ainsi je lui ouvre le ciel ».[1]

Il n’est pas rare que l’incurie et la malpropreté des sauvages provoquent des épidémies ; la tribu compte parfois jusqu’à un millier de malades. De là, pour les missionnaires, un surcroît de fatigues. Chaque jour, le P. De Smet visite un nouveau village, et porte aux victimes du fléau remèdes et encouragements.

De nouvelles conversions sont le fruit de sa charité. Il écrit à son frère : « J’ai baptisé près de deux cent cinquante sauvages. Le nombre des convertis monte déjà à trois cents. Ce sont, je puis le dire, des chrétiens fervents. Ils n’ont pas de plus grand bonheur que d’assister chaque jour à la messe et aux instructions, et de s’approcher de la sainte table. Déjà plusieurs chefs, avec leurs familles, ont embrassé notre religion. J’ai baptisé un vieillard d’au moins cent dix ans ».[2]

Les ministres protestants essaient de faire concurrence aux prêtres catholiques. Mais, entre le fonctionnaire, grassement payé pour distribuer aux curieux quelques parcelles d’Évangile, et le missionnaire, dévoué corps et

  1. Lettre à la R. M. Supérieure de l’orphelinat de Termonde.
  2. À François De Smet. — 30 mai 1839.