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« Il faut que je fasse un effort pour vous écrire quelques lignes, et vous apprendre l’affreuse situation dans laquelle je suis.

» Vous devez savoir déjà que nous nous sommes embarqués à la Toussaint. Quelques jours après, nous avons quitté Flessingue. La mer du Nord était agitée d’une manière effrayante. Pendant trois jours, nous avons été dans le plus grand danger. Grâce à Dieu, le brick n’a pas péri ; mais le roulis m’a causé des vomissements tels que, pour me sauver la vie, le capitaine, sur la demande de mes compagnons, a dû me déposer à Deal. Je suis au lit, gardé par deux médecins qui ne me quittent ni jour ni nuit… Ces médecins me font espérer que la rupture causée par les vomissements peut se guérir, moyennant beaucoup de soins… Mon autre maladie, pour laquelle le P. Van Lil me conseillait de rester en Belgique,[1] s’est aussi beaucoup aggravée par suite de l’excitation et de l’échauffement.

» Le capitaine a fait escale ici pendant deux jours, pour attendre mon rétablissement ; mais les médecins lui ayant déclaré qu’il devrait attendre encore une quinzaine au moins, il a pris le vent ce matin, et, à mon grand regret, j’ai dû me séparer de mes compagnons. Si je puis, dans deux ou trois semaines, me remettre, j’entreprendrai encore le voyage avec un paquebot de Liverpool. Si les médecins continuent à me le déconseiller, je reviendrai d’ici à un mois parmi vous. C’est un contretemps sans pareil ; mais il faut que je m’y soumette : Dieu a ses desseins en tout…

  1. Il s’agit d’une sorte d’eczéma, dont le P. De Smet souffrait depuis de longues années, et qui ne devait jamais le quitter complètement.