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part de ses camarades le surnom de Samson, et ne se distinguant guère que par sa passion pour les exercices du corps, dans lesquels il remportait plus de triomphes que dans les paisibles joutes des études classiques. On pouvait prévoir pour lui la carrière aventureuse du marin ou du voyageur : l’appel de Dieu en fit un missionnaire. Et quel missionnaire ! Dix-neuf traversées de l’Atlantique et 87 000 lieues de courses, presque toujours à travers le Far-West américain, dans un temps où ce n’était qu’un désert sans voies ferrées et même sans chemins, voilà une idée de ses voyages ; quant aux souffrances de tout genre qu’il y endura, on ne pourrait en donner une idée qu’à la condition de copier ses lettres pour ainsi dire page par page.

Car c’est la correspondance du P. De Smet qui nous fournit les matériaux les plus authentiques de sa biographie. Publiées à diverses reprises, en français, en flamand, en anglais, ces lettres, écrites dans une langue pleine de saveur et d’originalité, permettent de le suivre dans toutes ses pérégrinations, et nous révèlent son âme de prêtre et de missionnaire avec toutes ses qualités héroïques et charmantes : sa candeur d’enfant, sa parfaite soumission à ses supérieurs, sa modestie dans le succès, son courage dans l’épreuve, son affection pour sa famille, sa tendresse pour ses pauvres Indiens, son enthousiasme pour les beautés de la création, et,