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à l’héritage de l’antiquité, on est bientôt porté à s’étonner encore plus de l’immensité des pertes que nous avons faites. Sans les villes d’Herculanum, et de Pompéia, que saurait-on des détails d’art domestique des anciens, de leurs meubles, du goût d’ornement de leurs intérieurs, de la disposition de leurs maisons, des habitudes de leur luxe ? Les villes d’origine grecque participaient encore, lors de leur destruction, aux usages de la Grèce. On y trouve des nuances de style, des délicatesses d’ornement qui tiennent plus au goût grec qu’au luxe romain. Déjà cependant certaines bizarreries semblent indiquer un âge où le simple était passé de mode, où l’artiste obéissait moins aux inspirations de la nature qu’au besoin de flatter par des nouveautés un esprit qui commençait à être rassasié du vrai beau.

Combien n’est-il pas à regretter que de semblables découvertes n’aient pu se faire dans la Grèce même, et de manière à pouvoir nous faire saisir ce que devait être le goût de l’ameublement dans quelques unes des ses villes principales et à une des belles époques de ses arts ? L’art de la gravure, qui, comme celui de l’imprimerie, a la propriété de multiplier les ouvrages, aura peut-être aussi l’avantage de les rendre impérissables. Mais un autre bienfait de cet art, c’est de fixer par des recueils d’estampes une multitude de choses qui par leur nature sont temporaires et sont condamnées à ne laisser que des souvenirs dont aucune tradition même ne peut garantir la durée.

Les grands ouvrages de l’art peuvent seuls franchir de grands intervalles de temps. Mais comment perpétuer la mémoire