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corps, par des rapports de nécessité ou de commodité, tellement sensibles que l’instinct seul nous les ferait trouver. Voilà la nature en ce genre. Que reste-t-il à faire à l’art ? d’épurer les formes dictées par les convenances, de les combiner avec les contours les plus simples, et de faire naître de ces données naturelles les motifs d’ornement qui s’adapteront à la forme essentielle sans jamais déguiser son type, ni dénaturer le principe qui leur donna naissance. Cependant combien de fois n’a-t-on pas vu l’ornement, appliqué sur un membre, prendre la place du membre même, des rinceaux substitués aux corps dont ils étaient l’accessoire, supporter contre toute sorte de vraisemblance, ce qui devait l’être par des parties solides. Si l’on jette un coup d’œil sur ces mille et mille sortes de pendules, productions nées sans un véritable auteur, et semblables à ces plantes parasites dont l’abondance égale l’inutilité, on se convaincra de tout ce que peut engendrer de ridicule l’esprit de la mode, c’est-à-dire cet esprit qui ne consulte ni la nature ni la raison.

Cet esprit est l’ennemi naturel de tous les arts qui n’ont point de modèle d’imitation palpable, sensible, et dont la raison est le vrai régulateur. Il s’y introduit avec les armes du scepticisme et du paradoxe, et lorsqu’il est parvenu à y établir le plaisir comme le but unique auquel tout doit se rapporter, les idées d’ordre et de règle disparaissent ; l’anarchie du caprice régit alors toutes les productions des arts subordonnés à l’art de bâtir.