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raison des formes des habits ; car on ne s’habille pas pour se vêtir, mais pour se parer. Les meubles ne se font en vertu d’aucune nécessité qui en prescrive la forme. On passe du droit au tortu, du simple au composé et vice versa. Ceci n’est que trop l’histoire de l’architecture moderne et de ses vicissitudes.

Quoique nous ayons avancé que cet art est revenu depuis quelques années à des principes plus sages, nous sommes loin de nous flatter qu’on puisse l’y fixer.

Pour prouver que ce retour à un meilleur goût est dû en grande partie au pouvoir de la mode, il ne s’agit que de considérer, dans tout ce qui nous entoure, l’abus désordonné que l’on fait des plus belles formes, des plus belles inventions, dans les sujets qui les comportent le moins.

Si, par exemple, des sphinx, des termes à l’égyptienne, peuvent convenir par la sévérité de leurs formes et par leur sens allégorique à tel ou tel emploi dans certains objets de l’architecture ou de l’ameublement, avant peu l’on verra toutes les enseignes, tous les dessus de portes à l’égyptienne. Si les légèretés de l’arabesque et ses idées badines conviennent à de petits compartiments, et s’accordent avec des pièces dont l’étendue comme le caractère ne demandent que de la gaieté ; bientôt, si la mode s’empare de ce goût, l’arabesque deviendra l’ornement universel. Ainsi l’on a vu l’ordre dorique sans base affecté aux temples, devenir l’ordre des boutiques, des corps-de-garde, et de tout ce qu’il y a de plus vulgaire en édifices.

Ce qui généralise ainsi les inventions et les formes des ouvrages, ce n’est ni un sentiment plus juste, ni un goût plus