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la manière de voir, de composer, et d’orner, de la période présente.

Si cet exemple peut encourager d’autres artistes à confier ainsi à la gravure les travaux dont ils auront eu la direction, nous pourrons nous flatter d’avoir commencé des espèces d’annales du goût de notre génération en cette partie.

Mais, comme nous l’avons déjà donné à entendre, un autre point de vue a fixé nos regards en publiant ce recueil. On peut, dans les ouvrages d’ornement, et de décoration, séparer et considérer d’une manière distincte l’espèce et le genre. Le genre ne nous appartient point, il est tout aux anciens ; et comme notre seul mérite serait d’avoir su y conformer nos inventions, notre véritable but, en leur donnant de la publicité, est de faire tout ce qui est en notre pouvoir, pour empêcher que la manie d’innover ne corrompe ou ne détruise des principes d’après lesquels d’autres feront sans doute mieux que nous.

Malgré l’espèce d’empire que le goût de l’antique semble avoir pris depuis quelques années, nous ne pouvons nous dissimuler qu’il ne doive en grande partie cet ascendant au pouvoir que la mode exerce chez les peuples modernes.

Le pouvoir de la mode, ce grand recteur des ouvrages des arts, doit son influence à trois causes, l’une morale, et qui tient à l’amour du changement propre à l’esprit humain ; l’autre sociale, et qui dépend des habitudes de nos sociétés, où le commerce des deux sexes et la fréquentation ainsi que la réunion des personnes dans la seule vue du plaisir, influent d’une manière très active sur le désir de plaire ; la troisième