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Avertissement


Ce livre est l’édition d’une traduction dont l’auteur a laissé deux manuscrits. L’un est à peu près complet : il y manque à peine deux ou trois pensées entières, et, çà et là, une phrase dans le corps ou à la fin des paragraphes, aux passages douteux dont le traducteur avait désespéré d’abord, et à la place desquels il avait parfois écrit : « inintelligible. » Le nombre et l’importance des corrections, des pages entières bouleversées et complètement refaites attestent le soin qu’avait donné M. Couat à cette première forme de son œuvre. Les signes critiques, les traits, les points d’interrogation dans les marges, ou, dans le texte, de vastes ratures sans correction correspondante, et des variantes entre lesquelles il resterait à prendre parti, témoignent qu’il n’en était pourtant point satisfait, et semblent réclamer une revision.

Le second manuscrit de M. Couat est constitué par des feuilles volantes ; il commence au second livre et ne contient guère plus d’une moitié de l’ouvrage. La netteté de ces pages écrites sans rature, l’abondance des notes qui discutent le texte grec et défendent l’interprétation adoptée (l’autre manuscrit ne contient pas de notes), et l’interruption même de la traduction au début du livre IX ne permettent pas de douter que ce travail ne soit la revision du précédent. Ici, M. Couat, pour un temps au moins, a fixé sa pensée et rejeté toute variante : aucun signe dans la marge n’indique le besoin ou l’idée d’une retouche. Malgré tout, il n’est pas présumable que M. Couat eût porté sans les revoir ces pages à l’imprimeur, et qu’il eût, sans les modifier encore en maint endroit, signé le bon à tirer. D’abord, il reste aussi dans ce second manuscrit quelques vides à combler ; ensuite, on y retrouve intacts des passages qui avaient été condamnés dans la première traduction : ou bien c’est une rédaction qui avait été sacrifiée à une autre et qui reparaît, sans qu’on aperçoive les raisons de ce retour de faveur ; ou bien c’est une phrase entièrement neuve, qui peut-être vaut mieux que les deux ou trois variantes du premier manuscrit, ― et les supprime, ― qui peut-être n’est qu’une variante de plus[1]. Sans doute, le progrès, dans l’ensemble, est manifeste ; on trouve pourtant dans le brouillon, écrite au crayon ou d’une encre plus fraîche, telle

  1. Cf. infra IV. 31 et la note.