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d’actions. Ce moment opportun et ce terme sont fixés par la nature, par notre nature particulière dans le cas où nous mourons de vieillesse, et dans tous les cas par la nature universelle. Le changement des parties qui la composent maintient, en effet, l’univers dans sa fraîcheur et dans sa force ; et tout ce qui est utile à l’univers ne saurait être mauvais ni hors de saison. Ainsi la fin de la vie n’est un mal pour aucun de nous, puisqu’elle ne comporte aucune déchéance [morale], qu’elle ne dépend point de nous et qu’elle n’est pas contraire à la solidarité universelle. Au contraire, elle est un bien pour nous, puisqu’elle est opportune, utile à l’univers et conforme à ses lois. Car il porte Dieu en lui-même, celui dont la pensée se porte aux mêmes fins et par les mêmes voies que Dieu.

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Aie toujours présentes à l’esprit ces trois règles. A propos de chacune de tes actions, te demander si tu as agi au hasard ou autrement que ne l’aurait fait la justice elle-même ; à propos des accidents extérieurs, réfléchir qu’ils arrivent par hasard ou par l’effet de la Providence : or, il n’y a pas à blâmer le hasard ni à se plaindre de la Providence. Deuxièmement, voir ce qu’est chaque être depuis qu’il est à l’état de germe jusqu’au moment où il vit, et depuis le moment où il vit jusqu’à celui où il expire, de quels éléments il est composé et en quels éléments il se dissout. Troisièmement, te dire que si, enlevé tout à coup dans les airs, tu pouvais de là contempler l’huma-


i. [Couat : « pas plus que celui qui est arrivé au terme de cette suite d’actions n’est par ce fait maltraité. » — J’ai préféré à ces mots une traduction plus littérale-, mais, pas plus qu’Aug. Couat, je ne verrais dans ce passage ce qu’y a découvert Barthélemy-Saint-Hilairc: une justification du suicide. Comment, en effet, accorder une interprétation si étroite avec la phrase qui suit immédiatement?]

2. [Sur la distinction et l’accord des deux natures, cf. supra V, 3, note finale.]

3. [Compléter ainsi la pensée de Marc-Aurèle: « ne saurait être pour l’individu ni mauvais ni hors de saison. » Cf. supra IV, 23; X, 20, et la note.]

4. [au|içépov xai au|içepô|ievov. Cf. supra III, ’1 (luve|içépeTai ze xcù <ruve;ijiéoei) et la dernière note à cette pensée.]

5. [Ou : i< il est porté par Dieu même. »]

6. [Couat : « C’est être inspiré de Dieu que d’avoir les mêmes inspirations que lui et d’aspirer par la pensée aux mêmes fins. »]

7. [Gouat : « sans raison. » — Cf. supra XII, 2o.]

8. [Sur l’évolution du germe humain, cf. supro \, 26, et les notes.] y. [Cf. supra VII, ’,8, et IX, 3o.]