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Si tel homme te fait l’impression d’avoir commis une faute, dis-toi: « Sais-je si c’est une faute ? », et, si c’en est une, dis-toi qu’il s’est condamné lui-même et que c’est comme s’il s’était déchiré les yeux.

Celui qui ne veut pas que le méchant commette de mauvaises actions est comme celui qui ne veut pas que les fruits du figuier contiennent du suc, que les petits enfants vagissent, que le cheval hennisse, et pareillement pour toutes les autres choses nécessaires. Que peut-il faire, en effet, avec une telle disposition ? Si tu as assez d’ardeur, c’est cette disposition qu’il faut guérir.

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Si cette action ne convient pas, ne la fais pas ; si cette parole n’est pas vraie, ne la dis pas. Que ton âme soit au moins capable de se détourner.

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Voir toujours et à fond ? la nature de ce qui a fait sur toi une impression, l’examiner dans tous ses détails, en distinguant le principe efficient et formel, la matière, la fin, le temps où il faudra que cette chose cesse.


i. [Couat : « à propos de quelqu’un qui te fait concevoir l’idée qu’il a... »] 2. [C’est le supplice que s’inflige OEdipe. Cf. supra IX, 4 : « Celui qui commet une faute la commet envers lui-même. »] , 3. [Cf. supra IV, 6.J

li. [Renan (Marc-Aurèle>, p. lyj2) trouve qu’ici «la bonté est exagérée jusqu’à la fausseté. »]

5. [Il paraît naturel de séparer les deux pensées qui suivent, bien que les manuscrits ne nous y autorisent pas. La seconde, du moins, se suffirait à elle-même et formerait un tout. Mais comment interpréter les derniers mots de la première, que Casaubon a conservés intacts : T| yàp ôp |ii) Itou ïozu> ? — J’ai lu et traduit: y’ àçop|ir, aou Eatw. Rien de plus vraisemblable que la confusion du P et du iI>. Le sens que je donne ici à àçop|if,, pour être étranger à l’usage de Marc-Aurèle, n’en est pas moins le sens stoïcien du mot (cf. supra, p. i84, note 1).]

6. [Entendez: «de se détourner du mal, si elle ne l’est pas de se porter résolument vers le bien. »]

7. [M. Couat semble avoir lu, en réunissant les deux pensées: rj yàp ôp|i*| iro-j Ti; ÈaTiv ei; .m nâv iz\ ôpîv. Il traduit: «Il faut, à propos de toute chose, considérer la tendance qui te pousse, chercher la nature...» Un point d’interrogation est, d’ailleurs, en marge de ce passage.]

8. [Couat : « la cause, la matière, le but.» Cf. supra III, 11 ; VIII, 11 ; XII, 10, etc.] 19