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Ne blâmons pas les Dieux de ce qui arrive dans l’ordre de la nature ; ils ne se trompent, en effet, ni volontairement ni involontairement. Ne blâmons pas non plus les hommes, car ils ne se trompent jamais que malgré eux. Conséquemment, ne blâmons personne.

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Comme il est ridicule et naïf de s’étonner de quoi que ce soit qui arrive dans la vie !

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Ou une nécessité fatale, un ordre immuable, ou une Providence que l’on peut fléchir, ou un chaos produit par le hasard et sans direction. Si c’est une nécessité immuable qui mène le monde, pourquoi lui résister ? Si c’est une Providence accessible aux prières, rends-toi digne du secours divin. S’il n’y a qu’un chaos sans direction, réjouis-toi d’avoir en toi-même une raison pour te guider au milieu d’un tel tourbillon. Et si ce tourbillon t’emporte à la dérive, qu’il emporte ta chair, ton souffle, et tout le reste  : il ne pourra pas du moins emporter ta raison.

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[Quoi !] La flamme d’un flambeau brille jusqu’à ce qu’il soit éteint et ne perd rien de son éclat ; et la vérité, la justice, la tempérance qui sont en toi s’éteindraient avant toi !


i. [Cf. supra, page 48, note 2 ; page 164, note 1 ; page 236, note 3, etc.] 2. [Cf. supra IX, 28; VII, 7a, et la note, rectifiée aux Addenda. La troisième hypothèse est épicurienne. Les deux autres sont stoiciennes. C’est dire que la nécessite « fatale » dont il est question d’abord est une nécessité logique et raisonnée. — Cf. supra II, 3, note finale.]

3. [Couat : « intelligence. »]

4. [Sur cette analyse de l’homme, cf. supra XII, 3, et V, 33, note finale. |

5. [Couat: « la sagesse. » — Cf. supra III, fi, 1" note. |

6. [Couat: «pourquoi la vérité... s’éteindraient-ellcs avant loi?» — Au début de la pensée, j’ai adopté la correction, demandée par Coraï, de ri en f, (r, ne signifiant rien), et c’est cette correction que j’ai traduite. Renan (Marc-Aurèle6. 269-270) a donné le même mouvement à sa traduction de cet article. A la fin, il a commis une erreur étrange, en négligeant le premier préfixe de Tipoanoaôr^Eza.i. Il écrit: «s’éteindraient avec toi, » et voit dans cette pensée la preuve mor.ile do l’immortalité.]

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