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règle de conduite plus propre à la pratique de la philosophie que celle que tu suis maintenant !

8

Une branche détachée de la branche à laquelle elle adhérait est forcément détachée de l’arbre entier. De même l’homme retranché de la société d’un seul homme est retranché de la société entière. Mais c’est un autre qui coupe la branche, tandis que l’homme se sépare lui-même de son prochain par haine et par aversion ; il ne voit pas qu’il s’est en même temps mis en dehors de toute la cité. Toutefois, Zeus, qui a formé la société, nous a accordé un privilège : nous avons le pouvoir de nous réunir à nouveau à celui à qui nous adhérions et de rentrer dans le tout pour le compléter. Mais si cette division est trop fréquente, le retour et la réintégration dans l’unité sont difficiles. Il y a une différence entre la branche qui a poussé avec les autres, qui a vécu avec elles, et celle qui a été greffée de nouveau sur l’arbre, quoi qu’en disent les jardiniers. Croissons donc ensemble sur le même tronc, sans avoir pour cela les mêmes dogmes.

9

Ceux qui veulent t’empêcher de marcher suivant la raison droite ne réussiront pas à te détourner d’agir sainement. Qu’ils ne t’empêchent pas non plus d’être bienveillant pour eux. Tâche de demeurer ferme dans tes jugements et dans tes actions sans cesser d’être doux pour ceux qui essaient de te faire obstacle ou qui t’importunent. Leur en vouloir est une marque de faiblesse, aussi bien que de renoncer à ce que tu as entrepris et lâcher pied parce que l’on t’a frappé. On déserte son poste en prenant en aversion celui que la nature avait fait notre frère et notre ami, aussi bien qu’en tournant le dos dans la bataille.


i. [Sur le sens d’unôOeai;, cf. supra VIII, i, 2’ note, rectifiée aux Addenda.] 3. [Cf. supra VIII, 34, et IX, 23.J

3. [Couat : « doctrines. »]

4. [Couat : « tout droit dans le chemin de la raison. »]

5. [Cf. supra IX, 42.]

6. [Cf. supra X, a5; infra XI,