sans doute, si c’est ce qui t’est utile en tant qu’être raisonnable, recherche-le ; mais si c’est ce qui ne peut te servir qu’en tant qu’être animé[1], n’hésite pas à y renoncer. Garde ton jugement à l’abri de toute vanité ; ne serait-ce que pour te livrer avec le calme nécessaire aux réflexions indispensables.
VII
Ne regarde pas comme pouvant jamais t’être utile[2] rien de ce qui un jour te forcerait peut-être à te parjurer, à perdre ton honneur, à haïr un de tes semblables, à le soupçonner, à le maudire, ou à user de dissimulation, à désirer quelque chose qu’il faille cacher entre des murailles ou sous des voiles. Celui, en effet, qui préfère au monde entier la raison et le génie qu’il porte en lui[3] et les solennels mystères de cette puissance intime[4], n’a que faire de jouer la
- ↑ Qu’être animé. Nos sermonnaires du dix-septième siècle diraient : La bête ; et ils auraient raison. L’expression de Marc-Aurèle est moins dure.
- ↑ Pouvant jamais t’être utile. C’est le Platonisme et le Stoïcisme dans ce qu’ils ont de plus pur et de plus pratique.
- ↑ Le génie qu’il porte en lui. Voir les deux paragraphes précédents.
- ↑ Les solennels mystères de cette puissance intime. Ces expressions, quelque fortes qu’elles soient, ne le sont pas trop ; et
difficile et bien rare.