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LIVRE III, § V.

side en toi[1] n’ait à y protéger qu’un être viril et fort, un être digne de respect, un ami de la société, un Romain[2], un être qui se commande en maître, parce qu’il s’est discipliné lui-même, comme un guerrier qui n’attend que l’appel de la trompette[3], toujours prêt à faire le sacrifice de sa vie, sans avoir besoin ni de prêter serment[4], ni d’être surveillé par qui que ce soit. C’est en cela que consiste l’indépendance qui sait se passer de tout secours étranger, et même de cette tranquillité que les autres peuvent nous assurer ;

    est encore plus marquée dans le texte.

  1. Le Dieu qui réside en toi. C’est notre raison, notre intelligence, qui est en nous, mais qui vient d’une source plus haute.
  2. Un Romain. Voir plus haut, liv. II, § V. Ce juste orgueil que ressent une âme aussi indépendante et aussi désintéressée que celle de l’Empereur philosophe, est de toutes les nations et de tous les temps. Mais chez aucun peuple, il n’a été porté aussi loin que chez les Romains. Il est encore dans toute son énergie à la fin du second siècle de notre ère, après toutes les merveilles de courage et de patriotisme qu’il avait fait accomplir depuis la fondation de Rome. C’est comme une religion, qui a aussi ses indomptables martyrs.
  3. L’appel de la trompette. L’expression grecque a cette force, bien qu’elle n’ait pas toute cette précision.
  4. Ni de prêter serment. Je crois que ceci continue la métaphore sous-entendue plutôt que formellement exprimée dans ce qui précède. L’homme de bien n’a pas besoin pour faire son devoir de prêter serment, comme on le demande aux soldats. Quelques traducteurs ont compris ce passage un peu différemment ; il signifierait selon eux que la parole d’un homme de bien suffit, à elle seule, sans qu’elle ait besoin d’être appuyée par un serment ou par le témoignage de personne.