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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

est cent fois plus sage de s’appliquer, dans la condition qui vous est faite, à être juste, sobre en tout, et obéissant à la volonté des Dieux avec une simplicité absolue ! Car l’orgueil le plus orgueilleux[1] et le plus insupportable est celui qui se cache sous les dehors de la modestie.

XXVIII

Si l’on te demande : « Où donc as-tu vu les Dieux[2], et d’où as-tu appris leur existence, pour les adorer comme tu le fais ? » Réponds : « D’abord les Dieux sont visibles à tous les regards[3] ; et ensuite, sans avoir jamais vu mon âme[4], je ne l’en respecte pas moins. Pour les Dieux, il en est absolument de même ; et comme je trouve partout des[5] marques de leur

    dégradation.

  1. L’orgueil le plus orgueilleux. Cette opposition est dans le texte.
  2. Où donc as-tu vu les Dieux ? C’est une question que bien des gens feraient encore aujourd’hui, comme on la faisait du temps de Marc-Aurèle ; et sa réponse est aujourd’hui toujours également bonne et simple.
  3. Les Dieux sont visibles à tous les regards. Le spectacle de la nature, avec ses merveilles infinies, pose sans cesse devant nous ; et comme le dit David : « Cœli enarrant gloriam Dei ».
  4. Sans avoir jamais vu mon âme. L’argument est excellent ; et l’âme, qui a le don de se replier sur elle-même, y trouve la trace de Dieu, plus évidente encore que celle du dehors.
  5. Je trouve partout les