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LIVRE XII, § XXIV.

munauté. On peut même dire qu’elle est un bien[1], du moment qu’elle est opportune et utile pour l’ensemble des choses, et qu’elle rentre dans leur cours régulier. C’est qu’en effet l’homme est porté par la main de Dieu, quand il se porte vers le même but que Dieu lui-même, et qu’en pleine connaissance de cause, il s’associe à ses desseins[2].

XXIV

Voici trois idées[3] qu’il faut toujours avoir présentes à l’esprit.

Dans tout ce que tu fais, n’agis jamais sans réflexion[4], ni autrement que ne le ferait la justice[5]

    habituel où la prend Marc-Aurèle, c’est-à-dire, l’ordre universel des choses.

  1. Elle est un bien. Voir le développement de cette austère pensée, plus haut, liv. II, § 11.
  2. Il s’associe à ses desseins. La raison de l’homme ne peut pas s’élever plus haut, bien que parfois elle croie se grandir en se révoltant, et en critiquant l’œuvre divine. Sénèque, Consolation à Polybe, ch. XXIX, a dit : « Compte parmi tes plus grands biens d’avoir eu un excellent frère. Il ne faut pas songer combien de temps encore tu pourrais l’avoir, mais combien de temps tu l’as eu. La nature te l’avait donné, non pas en propriété, mais prêté ; lorsque ensuite il lui a plu de le redemander, elle n’a pas consulté en cela ta satiété, mais sa loi ». Traduction Nisard, p. 92.
  3. Voici trois idées. Elles sont toutes les trois également vraies et pratiques.
  4. N’agis jamais sans réflexion. Voir plus haut, liv. III, § 2.
  5. Que ne le ferait la justice même. C’est