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LIVRE XI, § V.

IV

Ai-je fait une chose utile à la communauté[1] ? Si oui, je me suis rendu service à moi-même. Arrange-toi pour avoir toujours cette conviction présente à l’esprit, et ne cesse jamais de te conduire en conséquence[2].

V

Quelle est ta profession[3] ? D’être homme de bien. Mais comment atteindre sûrement ce but, si ce n’est avec l’aide de ces nobles études[4], qui s’appliquent tout ensemble à la nature de l’uni-

  1. À la communauté. C’est-à-dire, l’ordre universel des choses, dont l’homme fait partie, et qui comprend aussi la cité dont il est membre.
  2. De te conduire en conséquence. Le texte n’est pas tout à fait aussi précis.
  3. Quelle est ta profession ? Il faut remarquer cette vive et noble tournure ; elle n’a plus rien de piquant, pour nous, parce que depuis Marc-Aurèle elle a été employée par tout le monde. Ce n’est pas d’ailleurs Marc-Aurèle qui invente ces formes de langage ; et elles se retrouvent déjà dans Sénèque, qui en fait même un usage peut-être excessif.
  4. Ces nobles études. La philosophie, et avant tout le Stoïcisme, qui a eu sans cesse sous les yeux l’ordre universel des choses et la place que l’homme y doit tenir. Voir la préface des Questions naturelles de Sénèque : « La plénitude et le comble du bonheur pour l’homme, c’est de fouler aux pieds tous mauvais désirs, de s’élancer dans les cieux et de pénétrer les replis les plus cachés de la nature. »