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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXXIII

Sur une question donnée, qu’y a-t-il de mieux à faire ou à dire[1], dans la mesure du possible ? Quelle que soit cette question, il t’est toujours permis de faire ou de dire ce qu’il y a de mieux. Et ne va pas alléguer pour excuse que tu en es empêché. Tu ne cesseras de te plaindre que quand, aussi ardent que les amis du plaisir le sont dans leurs jouissances, tu sauras accomplir tout ce que comporte la constitution de l’homme, dans la question qui se présente et qu’il faut résoudre ; car tout être doit regarder comme une jouissance véritable de faire ce que permet sa nature propre. Or, toujours et partout, il est possible de s’y conformer[2]. Ainsi, une boule ne peut pas toujours et partout obéir au mouvement qui lui est propre ; le mouvement propre n’est pas non plus toujours possible pour l’eau, le feu, et tant d’autres choses, qui n’obéissent qu’à la na-[3]

  1. Qu’y a-t-il de mieux à faire ou à dire. L’homme n’est pas tenu à davantage ; mais c’est là tout son devoir ; et c’est en ce sens que l’Évangile a dit : « Paix aux hommes de bonne volonté. »
  2. Toujours et partout il est possible de s’y conformer. Grâce au libre arbitre, qui est tout à la fois la grandeur et la faiblesse de l’homme, selon qu’il s’attache au bien ou qu’il en dévie.
  3. Tant d’autres choses qui n’obéissent qu’à la nature.