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LIVRE X, § XXXI.
si tu le peux, fais disparaître la contrainte[1] que le malheureux subit.
XXXI
Quand tu vois Satyron, pense à un philosophe socratique, ou à Eutychès, ou à Hymen[2] ; quand tu vois Euphrate, pense à Eutychion, à Silvanus ; quand c’est Alciphron, pense à Tropæophore ; en voyant Xénophon, pense à Criton ou à Sévérus ; enfin, en regardant à toi-même, reporte ta pensée sur un des Césars. En un mot, dans chaque cas qui se présente, fais une comparaison analogue. Puis adresse-toi cette question : « Et tous ceux-là, où sont-ils ? Nulle part, en ce monde ; ou bien, ils sont n’importe où. »
- ↑ Fais disparaître la contrainte. C’est la charité vraiment active et efficace. Voir plus haut, liv. VII, § }63. Bossuet a dit : « En voyant les fautes des autres, nous devrions songer par la même raison que nous en sommes capables, et gémir pour eux en tremblant pour nous ; nous ne pardonnons rien aux autres ; nous ne nous redisons rien à nous-mêmes. » Réflexions chrétiennes et morales, § 15, Des Jugements humains.
- ↑ Satyron… Eutychès… Hymen, etc., etc. La plupart de ces noms sont absolument inconnus ; et, comme nous ignorons ce qu’étaient les personnages qui les portaient, il nous est difficile de comprendre très-précisément la pensée de ce paragraphe. La suite semble prouver que ce sont des comparaisons que Marc-Aurèle recommande de faire, afin de mieux juger les autres et de mieux se juger soi-même. C’en ainsi qu’il a l’intention de se comparer personnellement à quelqu’un
même.