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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXIX

À chacun des actes que tu accomplis, demande-toi si la mort te semble plus particulièrement affreuse[1], parce qu’elle doit te priver de l’objet qui t’occupe.

XXX

Lorsque tu t’offusques de la faute de quelqu’un, fais un retour sur toi-même[2], et pense un peu aux fautes analogues que, toi aussi, tu commets ; par exemple, quand tu fais trop de cas de l’argent, du plaisir, de la vaine gloire, et de tant d’autres objets, qui ne valent pas mieux. Si tu t’attaches à cette réflexion, tu auras bien vite oublié ton irritation, et tu te diras : « Il y était forcé ; que pouvait-il faire ? » Ou bien même,

    au point de vue pratique. Voir plus haut, liv. VIII, § 49, la note et la citation de Sénèque.

  1. Si la mort te semble plus particulièrement affreuse. Le côté le plus utile de ce précepte, c’est de se familiariser avec l’idée de la mort, en y songeant aussi souvent qu’on le peut. Voir plus loin, liv. XII, § 31.
  2. Fais un retour sur toi-même. C’est un conseil plein de sagesse et de charité ; car le meilleur moyen de supporter les fautes d’autrui, c’est de s’avouer celles qu’on commet soi-