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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

profondes ténèbres, voyons la force qui produit ces merveilles, ainsi que nous voyons la force qui précipite les corps[1] en bas, ou qui les fait monter en haut. Certes, ce n’est pas l’affaire de nos yeux ; mais le fait n’en est pas moins d’une évidence éclatante.

XXVII

Répète-toi sans cesse que la manière dont les choses se passent[2] actuellement est aussi la manière dont elles se passaient jadis, dont elles se passeront plus tard. Remets-toi sous les yeux tous ces drames, tous ces théâtres, toujours si uniformes, que tu as pu connaître, soit par ton expérience personnelle, soit par les récits d’une histoire plus ancienne ; par exemple, tout ce que l’on a fait à la cour d’Adrien[3], à celle d’Antonin,

    reparaîtront que plus puissantes et plus belles.

  1. La force qui précipite les corps. Nos matérialistes devraient se dire, comme Marc-Aurèle, que l’attraction, à laquelle ils croient, n’est pas plus visible aux yeux du corps que l’âme, à laquelle ils ne croient pas. Mais Elle n’en est pas moins d’une évidence éclatante.
  2. La manière dont les choses se passent. Il ne s’agit pas des choses en général, mais des choses qui se passent à la cour des Rois et des Empereurs, comme le prouve la suite du paragraphe.
  3. À la cour d’Adrien. Marc-Aurèle avait passé une partie de son enfance à la cour d’Adrien, et il avait dix-