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LIVRE X, § XVII.

là, puisque partout on est dans le monde comme dans une cité. Que les humains puissent enfin voir et contempler à leur aise un homme véritable, qui vit selon les lois de la nature. Que s’ils ne peuvent pas en supporter la vue, qu’ils l’égorgent[1] ; car, pour lui, la mort serait préférable à la vie que mène le vulgaire.

XVI

Il n’est plus temps de discuter[2] sur les conditions que l’homme de bien doit remplir ; il s’agit uniquement d’être homme de bien.

XVII

Essaie sans cesse de te représenter l’image de la totale durée, de la totale substance[3] ; et dis-toi

  1. Qu’ils l’égorgent. C’est le destin de Socrate ; c’est le destin de Jésus-Christ.
  2. Il n’est plus temps de discuter. Le Stoïcisme n’a pas laissé de discuter ; mais il faut lui rendre cette justice qu’il a mis en général la pratique fort au-dessus de la théorie. À certains égards, c’était une tendance à descendre, bien que ce fût aussi une réaction contre certaines exagérations du Platonisme ; mais dans les temps où le Stoïcisme apparut et surtout sous l’Empire romain, la morale stoïcienne soutint les âmes et les fortifia plus que ne pouvait le faire aucune autre doctrine. L’histoire en fournit une foule de preuves.
  3. De la totale durée, de la totale substance. En d’autres