çois clairement, n’hésite pas à marcher à cette lumière, d’un cœur tranquille, et sans te laisser détourner de ta route. Si tu ne le vois pas assez nettement, tu n’as qu’à t’arrêter[1] et à recourir aux conseils les plus éclairés. S’il se présente encore d’autres difficultés qui s’opposent à tes desseins, tu peux toujours t’avancer[2], en scrutant avec réflexion les motifs que tu as actuellement d’agir, et en t’en tenant à ce qui te semble juste. C’est le point essentiel ; il faut t’en assurer, bien que du reste tu puisses échouer dans ce que tu poursuis. Suivre en toutes choses les conseils de la raison, c’est tout à la fois se garantir la paix et se faciliter tous ses mouvements ; c’est à la fois brillant et solide.
XIII
Au moment où tu t’éveilles, tu peux te demander à toi-même : « S’il t’importera person-
- ↑ À t’arrêter. Ou, à suspendre ton jugement.
- ↑ Tu peux toujours t’avancer. Conseils analogues à ceux que donne Descartes dans le Discours de la Méthode, p. 150, édit. Victor Cousin.
conscience ne nous trompe pas. Mais ce qui nous trompe, ce sont les passions ou les intérêts ; et la ferme résolution de faire ce qu’on doit devient alors très-difficile et très-rare. En ceci d’ailleurs comme dans tout le reste, l’habitude exerce une influence souveraine ; et l’on accomplit le devoir, même pénible, d’autant plus aisément qu’on l’a déjà plusieurs fois accompli.