trant un obstacle solide, qui en prive l’air placé au-delà[1]. C’est sur cet obstacle que la lumière s’arrête, sans glisser en bas et sans tomber[2]. C’est justement ainsi que ton intelligence doit s’écouler et se répandre en tous sens. C’est une diffusion ; ce n’est pas un épuisement, et, quand elle rencontre des obstacles, elle ne doit montrer ni colère ni emportement[3] dans la résistance qu’elle leur oppose ; elle ne tombe pas ; elle reste debout, et elle éclaire de sa lumière tout ce qui la reçoit. Ce qui ne peut pas la réfléchir se prive soi-même de son splendide éclat.
LVIII
Quand on craint la mort, cela revient à craindre, ou de ne plus rien sentir[4] du tout, ou de sentir autrement que dans cette vie. Mais, si tu ne sens plus quoi que ce soit, tu ne peux par conséquent ressentir aucun mal ; et, si tu as une sensibilité
- ↑ Qui en prive l’air placé au-delà. Le rayon s’arrête, par exemple, sur le panneau d’une porte, dont l’autre côté n’est pas éclairé.
- ↑ Sans glisser en bas et sans tomber. C’est un fait ; et l’observation est ingénieuse. C’est que la lumière n’est pas pesante.
- ↑ Ni colère ni emportement. C’est une leçon de douceur intellectuelle, et aussi d’humilité.
- ↑ Ne plus rien sentir. Voir le Phédon de Platon, pp. 207
« Elle se rompt », ou « Elle s’arrête ».