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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

que son simple commerce semblait plus agréable que ne peut l’être aucune flatterie, et que ceux qui l’entretenaient n’avaient jamais plus de respect pour lui que dans ces rencontres ; l’habileté à saisir, à trouver, chemin faisant, et à classer les préceptes nécessaires à la pratique de la vie ; le soin de ne jamais montrer d’emportement ni aucune autre passion excessive ; le talent d’être à la fois le plus impassible et le plus affectueux des hommes ; le plaisir à dire du bien des gens mais sans bruit ; enfin une instruction immense sans ostentation.

X

Par l’exemple d’Alexandre le grammairien[1], j’ai appris à ne jamais choquer les gens, à ne les point heurter par une brusquerie blessante pour un barbarisme qu’ils auraient commis, pour une

  1. Alexandre. Ces remarques de Marc-Aurèle ont d’autant plus d’intérêt que cet Alexandre de Phrygie a été son précepteur pour le grec, et que c’est lui qui lui a enseigné la langue dans laquelle l’Empereur a écrit ses monologues les plus intimes. Il est évident, par les détails où entre Marc-Aurèle, qu’Alexandre devait avoir grand soin d’éviter tout ce qui sentait le pédantisme. C’est une preuve de bon goût. Plus loin, § 12, Marc-Aurèle parle d’un Alexandre le platonicien, qu’il ne faut pas confondre sans doute avec Alexandre le grammairien. Capitolin, ch. II, qui cite ce dernier, ne semble pas connaître l’autre.