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LIVRE VIII, § XXVI.
d’autres qui les valaient ? Tout cela a vécu un jour[1] ; et, depuis longtemps, tout cela est mort. Il en est qui n’ont pas même laissé le moindre souvenir après eux ; on a parlé quelque temps de ceux-ci ; déjà on ne dit même plus un mot de ceux-là. Pense donc à eux en te disant aussi qu’il faudra, pour toi comme pour eux, que le composé chétif que tu formes se désagrège un jour, que le souffle qui t’anime s’éteigne[2], ou se déplace[3], et qu’il aille recevoir ailleurs une autre vie[4].
XXVI
La vraie joie de l’homme, c’est de faire ce qui est propre à l’homme. Or le privilége de l’homme[5], c’est d’être bienveillant à l’égard de ses sem-
- ↑ Tout cela a vécu un jour. Cette tournure un peu dédaigneuse est dans le texte ; elle ne s’adresse pas aux personnes, mais à la fragilité des choses de ce monde.
- ↑ S’éteigne. Ce serait le néant.
- ↑ Ou se déplace. Ce serait l’immortalité.
- ↑ Et qu’il aille recevoir ailleurs une autre vie. Nulle part plus nettement qu’ici, Marc-Aurèle n’a pressenti une autre vie et n’a paru accepter cette doctrine. En se rappelant quelle distance il met toujours entre l’âme et le corps, et quelle supériorité il donne à notre âme, on doit croire qu’il attribue aussi des destinées fort différentes aux deux éléments dont notre être est composé.
- ↑ Le privilége de l’homme. Il est impossible de se faire de la nature humaine une idée plus vraie, plus haute, ni plus pra-
connus.