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LIVRE I, § VII.

ne point me laisser aller aux engouements de la sophistique ; de ne point écrire sur les sciences spéculatives ; de ne pas déclamer de petits sermons vaniteux ; de ne point chercher à frapper les imaginations en m’affichant pour un homme plein d’activité ou de bienfaisance ; de me défendre de toute rhétorique, de toute poésie et de toute affectation dans le style. Je lui dois encore de n’avoir pas la sottise de me promener en robe traînante à la maison, et de me défendre de ces molles habitudes ; d’écrire sans aucune prétention[1] ma correspondance, dans le genre de la lettre qu’il écrivit lui-même de Sinuesse[2] à ma mère. Il m’a montré aussi à être toujours prêt à rappeler ou à accueillir ceux qui m’avaient chagriné ou négligé, dès le moment qu’ils étaient eux-mêmes disposés à revenir ; à toujours apporter grande attention à mes lectures, et à ne pas me contenter de comprendre à demi ce que je

    dans la guerre et dans la paix. Il l’admettait à tous ses conseils publics et privés. Il lui donnait l’accolade en présence des préfets du prétoire. Il le désigna consul pour la deuxième fois ; et après la mort de Rusticus, il demanda pour lui des statues au Sénat. On peut voir tous ces détails dans Capitolin, ch. III.

  1. Sans aucune prétention. On ne peut pas tout à fait appliquer cet éloge aux lettres de Marc-Aurèle à son maître Fronton.
  2. Sinuesse. Ville de Campanie, au Nord-Est de Rome.