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LIVRE VII, § XVII.
Il peut à cet égard être toujours sans trouble et sans embarras, tant qu’il ne se trouble pas et ne s’embarrasse pas lui-même.
XVII
Le bonheur, c’est d’avoir un bon génie[1] ; c’est de faire le bien. Que viens-tu donc faire ici, ô imagination aux décevantes apparences[2] ? Va-t-en, au nom des Dieux, ainsi que tu es venue. Je n’ai que faire de toi. Tu es arrivée en moi, je le sais, par une habitude bien ancienne ; aussi je ne t’en veux pas[3]. Seulement, retire-toi.
- ↑ Un bon génie. On pourrait dire, en prenant un langage qui serait le nôtre plus particulièrement : « Une bonne conscience ». On peut croire que cette expression de Génie, qu’emploie si souvent Marc-Aurèle, n’est qu’une tradition socratique recueillie par le Stoïcisme. Le génie, le démon de Socrate n’est que sa conscience.
- ↑ Aux décevantes apparences. C’est la paraphrase du mot grec, dont le mot d’Imagination n’aurait pas à lui seul rendu toute la force
- ↑ Je ne t’en veux pas. On peut trouver, au premier abord, quelque chose d’un peu singulier dans cette apostrophe à l’imagination ; mais le mouvement n’a cependant rien d’une fausse rhétorique, parce qu’on sent qu’il est très-sincère, si ce n’est très-naturel.